GENEVIEVE SIDELEAU


Du jeudi 28 août au dimanche 7 septembre 2025
Heures d’ouverture: de jeudi  au dimanche de 12 h à 16 h ou sur rendez-vous,
fermé le lundi 1er septembre
Vernissage: le samedi 30 août, de 14 h à 17 h 

Produit Rien
6909 Marconi, Montréal

J’ai toujours cherché à aborder les cycles et les polarités tels que la naissance et la mort, le mouvement et l’immobilité, le chaos et l’ordre. Ces thèmes me fascinent depuis des années et restent au cœur de mon travail, souvent à travers le corps ou son absence. Par des peintures, des dessins et des œuvres sculpturales, je cherche à manifester des réflexions personnelles, littérales et métaphoriques. L’exposition Le corps comme lieu de résistance rassemble des œuvres abordant le portrait et la figure sous une forme plurielle, capturant le geste et l’immobilité, ancrées dans mon expérience comme personne neurodivergente et, plus récemment, comme patiente atteinte d’un cancer.
 
Le diagnostic, reçu il y a deux ans, a introduit une nouvelle polarité : clarté et brouillard. Il a affiné certains aspects de ma pratique tout en en brouillant d’autres. Vivre avec le cancer a réorienté ma relation au corps, passant d’un lieu d’expression à un lieu de confrontation, de fragilité et de résistance. Le corps a toujours été au cœur de mon travail, mais la maladie l’a rendu plus complexe : un corps qui résiste, s’apaise, se restaure, qui exige, qui guérit, qui apprend et qui fait preuve de grâce.
 
Les expériences sensorielles de ma neurodiversité s’appuient sur une conscience accrue des sons, des rythmes internes et des jugements personnels qui entrent en conflit avec les attentes extérieures. Les œuvres mettent en valeur les luttes intérieures et l’intensité d’un corps sensible. L’insomnie devient une répétition nocturne de pensées, de peurs, de fragments. Les pensées qui défilent sont des turbulences à la fois psychiques et physiques, et je cherche à donner une forme visuelle à cette activité mentale qui reste souvent insaisissable et intangible. La répétition souligne la tension entre chaos et ordre, et révèle les rituels d’apaisement personnel qui apportent le calme et la régulation. Les objets et gestes répétitifs des œuvres évoquent également les difficultés quotidiennes, les doses de médicament quotidiennes, les activités physiques quotidiennes comme la méditation et l’exercice, tout en symbolisant l’endurance et la survie face à l’instabilité continuelle.
 
Mon intention est de repousser les limites du portrait, en déconstruisant et reconstruisant les représentations traditionnelles pour créer de nouvelles formes inattendues qui questionnent la résistance. 
 
Que peut bien signifier la résistance – physiquement, émotionnellement, conceptuellement ? Quelles formes peut-elle prendre lorsque le corps devient imprévisible ? Le processus “d’ordonner” le chaos peut-il véritablement conduire au calme, ou ne fait-il que masquer des tensions plus profondes ? Comment résister à la disparition – de soi, de la clarté, du contrôle, de la physicalité ? Le corps neurodivergent peut-il lui-même être perçu comme une forme de résistance ?

Geneviève Sideleau


————————————————————————————————————————

I have always sought to address cycles and polarities such as birth and death, motion and stillness, chaos and order. These themes have fascinated me for years and remain central to my work, often via the body or its absence. Using paintings, drawings, and object-based works, I aim to manifest both literal and metaphorical self-reflections. The exhibition The Body as Place of Resistance offers a collection of work addressing the portrait and figure in plural form, capturing gesture and stillness, rooted in my experience as a neurodiverse individual and, more recently, as a cancer patient.

The diagnosis, received two years ago, introduced a new polarity: clarity and fog. It sharpened certain aspects of my practice while simultaneously blurring others. Living with cancer reoriented my relationship to the body—from a site of expression to one of confrontation, fragility, and resistance. The body has always been central to my work, but illness has rendered it more layered: a body that resists, calms, resets, understands, claims, heals, learns, and gives grace.

Sensory experiences of my neurodiverse self draw on a heightened awareness of sounds, internal rhythms and self-judgements that collide with external expectations. The artworks highlight the internal struggles of the mind and the intensity of a sensitive body. Insomnia becomes a nocturnal repetition of thoughts, fears, fragments. Racing thoughts are both psychic and physical turbulence, and I aim to give visual form to this mental activity that often remains elusive and intangible. Repetition underscores the tension between chaos and order, and reveals the quiet rituals of self-soothing that provide calm and regulation. Repetitive objects and gestures in the work also evoke daily difficulties, daily doses, daily “self care” activities such as meditation and exercise, while also symbolizing endurance and survival in the face of ongoing unrest.

My intention is to push the boundaries of portraiture—deconstructing and reconstructing traditional representations to create unexpected new forms that question resistance.
 
What can resistance possibly mean –physically, emotionally, conceptually? What forms can resistance take when the body is no longer predictable? Can the process of “ordering” chaos truly lead to calmness, or does it merely mask more underlying tensions? How do we resist disappearance—of self, of clarity, of control, of physicality?  Can the neurodiverse body itself be seen as a form of resistance?

Geneviève Sideleau


PRODUIT RIEN – 6909 Rue Marconi, Montréal